Est-ce que les mots d’amour sont dérisoires ?
Dans la chanson Il venait d’avoir dix-huit ans http://www.youtube.com/watch?v=yU47maTdP78 , Pascal Sevran écrit à propos du beau jeune homme qui vient de s’envoyer en l’air avec une personne aventureuse : Il pensait que les mots d’amour sont dérisoires. Partant de là, je pose quelques questions.
La baise sans les sentiments, est-ce que c’est bien ? On dirait, dans ce texte. Ne découvre-t-elle pas, cette personne aventureuse, un ciel superbe ? Les jeunes sont-ils avares de mots doux ? Ont-ils ce privilège de pouvoir en faire l’économie ? Est-ce que les mots d’amour sont un palliatif ? Y-a-t-il des tempéraments plus ou moins ouverts aux belles déclarations ? À qui dit-on je t’aime, si on le dit ? Ne pas le dire, est-ce désaimer ? L’amour, ça se dit, ça se montre, ça se prouve, ça se fait, ça se défait ?
J’ai bien mon idée mais c’est à chacun de répondre pour soi, aussi.
Vous me direz, et ils viennent faire quoi les mots d’amour dans l’histoire ? Je m’intéresse au contraire, à l’inverse. J’imagine quelqu’un qui se tord de plaisir, qui jouit, en plein air, sous le joug de cet amant vigoureux qui ne se perd pas dans la guimauve : Il ne m’a pas parlé d’amour…
Alors quoi, l’amour sans le faire, pour reprendre le titre du roman de Serge Joncour ? Sinon, faire l’amour sans le dire, ce que je défends ici. Bon, je sais bien, certains diront : et pourquoi pas tout ?
Eh bien, parce que tout, c’est trop. Faut manquer un peu, avoir une frustration, donner de la force à une envie. Voilà, faut avoir envie. Et puis parce que faire l’amour en lieu et place de le dire, c’est plus fort. Faire l’amour sans ressentir d’affection, je trouve que ça a quelque chose à voir avec la générosité. Pourquoi la grandeur d’âme serait-elle uniquement du domaine de l’abstinence ?
Si s’abstenir plaisait davantage, on le saurait : foin de l’adultère, de la foultitude de sites de rencontres, de la recherche du plaisir lié à la sexualité, développement massif de penseurs, de penseuses, de cheminements spirituels pour éteindre l’idée du plaisir et avant cela du désir. L’humain est-il ainsi fait ? Et si c’était plus joli que ça ? Si dans cet amour physique gratuit, sans engagement, il y avait une recherche de la fusion des corps, une passion d’une peau qui cherche l’autre, d’un feu pas sacré du tout mais sacrément prenant ? Je ne pense pas que ce soit le privilège de la jeunesse, l’amour gratuit dans un champs de blé, je crois que ça contient une valeur assumée, que le corps, tout autant que l’esprit et le cœur, a ses prérogatives, ses nécessités, qu’il a le droit à cette rencontre qui permet le partage d’un éphémère moment dont la quête préalable est une fusion, l’objectif un orgasme éventuel et un souvenir merveilleux.