Éloge de la gourmandise

 

Le sexe gourmand existe désormais dans les deux versions : Livre papier, relié, chez Terriciaë et format numérique chez Numériklivres. Il y en a donc pour tous les goûts et pour toutes les bourses puisque la version en epub est proposée, revue et modernisée, pour 1 euro 49.

Le goût, c’est un de mes thèmes de prédilection, avoir le goût de. De l’amour, des bonnes choses, de la découverte, du sexe, de la nourriture, des nourritures…

Pour fêter cela, je vous offre en lecture ici, le premier texte du Sexe gourmand, celui qui le définit, qui l’annonce, l’introduit, son avant-propos, ses premiers mots. Il s’appelle :

 Éloge de la gourmandise

Ça part toujours d’une réflexion. Et ça finit en fiction ou en récit de vie. Souvent le résultat est un mélange de ces trois composantes.

 Nous étions à table au restaurant pédagogique (je travaille dans une école) et la discussion a tourné autour de la gourmandise. 

Es-tu gourmande ? Qu’aimes-tu mieux que le chocolat ? On s’est demandé s’il s’agissait d’être gourmet ou glouton. Si l’Église considère encore aujourd’hui la gourmandise comme un péché capital. Est-elle la petite sœur de la luxure ? Conjugue-t-on le ventre et le bas-ventre ? Si l’évidence toutefois se pose. Est-ce un défaut ? Un vilain, un joli défaut ? Et si l’on parlait de péché mignon ? 

La gourmandise est ce qui se reproche aux enfants (surtout ceux des familles aisées). On la reproche aussi aux personnes opulentes. On la pardonne aux animaux de compagnie (moi la première). La gourmandise chez l’animal est signe de bonne santé, de joie, de caractère enjoué). Pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’homme ? Pourquoi ne pourrait-il y avoir de véritable éthique de la gourmandise ? La gourmandise est l’objet d’un désir, d’une envie. Mais le gourmand ne peut être qu’un esthète, un raffiné. Là où le glouton subit son addiction et n’en ressent pas le bonheur, juste un apaisement provisoire, une passagère satiété, le gourmand appréhende son désir, le prépare, le phantasme, en goûte l’évocation. Car il s’agit bien de goûter, de prendre part à un plaisir. Ventre ou bas-ventre peu importe. L’excès est l’ennemi de la jouissance parce qu’il la banalise. Mais la privation est aussi l’ennemie de la jouissance puisqu’elle entrave sa réalisation.

 La gourmandise pour se réaliser doit être un besoin. Car avoir envie n’est pas obligatoire. On a le droit de ne pas avoir envie. Un met goûteux, un sexe, on a le droit d’avoir envie de s’en passer, le droit de n’en avoir pas envie, aussi. Et le droit d’en avoir envie davantage que quelqu’un d’autre. Ça ne se mesure pas à une corpulence. Ça n’a rien à voir. Se pencher sur la gourmandise demande l’effacement de tout préjugé. On n’y adjoint pas forcément le foisonnement (de la table, du corps, de la pratique sexuelle). En la matière, rien n’est préétabli.

 Je crois surtout que la gourmandise est chose très humaine. Elle est une préoccupation quotidienne. On la croise sans se rendre compte qu’elle vient de nous frôler. Quelle est cette musique ? Le parfum de cet homme ou de cette femme, cette odeur de pain chaud ? Quel est ce souvenir ou cette impression si plaisante ? La gourmandise n’a rien d’abstrait et requiert, au même titre que la cuisine dont elle peut être une caractéristique, un savoir-faire et un savoir-être. Un savoir reconnaître aussi, un discernement. Ce n’est ni vivre pour manger ni manger pour vivre. C’est manger pour vivre bien, vivre le bien-être. Et être bien c’est être dans le plaisir. Partant, ce n’est pas coucher pour se reproduire ou coucher uniquement en vue de l’orgasme, mais viser, au-delà d’un coït espéré et légitime, le bonheur d’une sexualité aux plaisirs multiples et pas seulement paroxysmiques.

 Ce sont ces savoir-faire, ces savoir-être que j’ai envie d’appréhender dans un ensemble d’écrits érotiques et gourmands. Encore faut-il garder en tête la leçon de Mario pour Emmanuelle (Emmanuelle, Emmanuelle Arsan), qui préconise d’une part la liberté (et le mariage dans l’ouvrage auquel je fais référence est liberté, liberté consentie par le couple et dans le couple) et invite sa jeune élève à mettre en pratique trois règles qui permettent de profiter d’une liberté épanouie et réjouissante : le nombre, l’insolite et l’asymétrie.

 Enfin, la gourmandise qui est recherche du plaisir, quête du goût qui transporte, n’est pas le domaine réservé des arts de la bouche ou de ceux du sexe, non, elle est un savoureux mélange des genres et le vocabulaire qui s’y rattache le montre en permanence. Ainsi l’évocation de certains mets prend une connotation métaphorique. N’oublions pas que dans les deux cas nous faisons allusion aux plaisirs de la chair.

 Comment résister à un bon dessert, une mignardise ? Vous accordez-vous quelquefois de petites gourmandises en secret, à l’heure du thé quand on vous croit rentré(e) dans vos pantoufles ? Qu’en est-il de la bouche à croquer de cette femme ravissante ? Lui offririez-vous une petite douceur ? Une gâterie ? Une chatterie ? Une friandise ? Une sucrerie ? Vous voyez-bien que la gourmandise est une chose toute petite, mignonne, qu’elle n’est pas vilaine ou méchante… Elle a une saveur si fine… N’en avez-vous l’eau à la bouche ? Oublions la cuisine un instant et faisons l’inventaire des ingrédients qui font songer au sexe ou/et aux sextoys… Car la gourmandise est aussi un jeu. Une banane, un concombre, une courgette, une carotte, des chairs bouchères : une saucisse, un saucisson, une merguez, des lieux : Morteau, Montbelliard, des lieux qui sont des aliments : un boudoir, des lieux qui sont des aliments qui finissent dans un récipient du placard : un boudoir trempé dans un bol… Ce biscuit que la morale interdit de tremper dans le bol des autres… Et l’ivresse… L’ivresse que procurent certains breuvages, le sperme, la mouille, la douche dont le con de certaines femmes a le secret… Ah, tout ça me monte à la tête et ma tête est heureuse comme mes seins s’érigent et comme gargouille mon ventre et tremblent toutes mes lèvres pisseuses… Quand je pense que certains imaginent qu’une bonne sucette est une sucrerie pour les moins de dix-huit ans… Oh, non, c’est l’inverse…

 La gourmandise est une affaire hautement adulte et elle se pratique en premier lieu à table.

Ah, la gourmandise… La gourmandise… 

http://www.storenumeriklire.com/litterature-erotique/195-sexe-gourmand-de-aline-tosca.html

http://livre.fnac.com/a5259078/Aline-Tosca-Le-sexe-gourmand

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